L’honorable Elizabeth Dowdeswell
Lieutenante-gouverneure de l’Ontario
Il nous est impossible de bien comprendre l’Ontario sans les Grands Lacs.
L’exposition Identité : Œuvres inspirées par les Grands Lacs présente des œuvres contemporaines qui nous rapprochent des Grands Lacs. Créées dans le sillage d’œuvres antérieures d’artistes paysagistes qui nous sont chers, elles captivent notre imagination et révèlent devant nos yeux comment ces étendues d’eau sont indissociables de notre identité.
Les Grands Lacs définissent l’Ontario. Nous comprenons la nostalgie qui avait envahi l’artiste Doris McCarthy. Au cours d’un séjour à Londres, en Angleterre, en 1914, elle consignait dans son journal personnel : « J’ai ressenti ce matin ce que pouvait être l’exil, comment je pourrais pleurer du simple désir de tenir une rame dans ma main, de sentir la chaleur des rochers de la baie Georgienne et la fraîcheur des frissons de l’eau bleue ».
Il semble que leur étendue dépasse parfois notre compréhension. Ces « mers intérieures » sont véritablement extraordinaires. Les cinq Grands Lacs contiennent 21 % de l’eau douce de la planète et ouvrent une voie de 3 700 kilomètres vers le cœur de l’Amérique du Nord. Vu leur superficie, il n’est pas surprenant que l’eau joue un rôle central dans les croyances et la spiritualité des Premières Nations de la province, les premiers peuples qui ont navigué sur les Grands Lacs et se sont établis sur leurs rives. Les Anishinaabe, qui comprennent les Premières Nations des Algonquins, des Ojibwés et des Odawas, croient que « tout est relié à l’eau ».
L’arrivée des peuples des Premières Nations il y a quelque onze mille ans représente la première migration qu’a connue ce territoire façonné par les glaciers et les mouvements tectoniques. D’autres ont suivi. Guidés par les Premières Nations, les Européens ont quitté la vallée du Saint-Laurent pour remonter le fleuve en amont. Parmi ceux-ci figure l’explorateur Étienne Brûlé, réputé être le premier Européen à avoir vu les lacs Ontario, Érié, Huron, et Supérieur.
Les lacs sont devenus le pivot du développement de la partie nord du continent. Non seulement ils ont constitué une source d’alimentation pour les nouvelles communautés de l’intérieur, mais ils ont aussi fourni une voie d’expédition des premières ressources naturelles de la région, le bois d’œuvre et les fourrures, vers le Saint-Laurent pour l’exportation. Jusqu’à l’achèvement de la construction du chemin de fer du Grand Tronc en 1860, c’est par les Grands Lacs que la plupart des immigrants arrivaient dans cette province. Les Grands Lacs étaient la clé de tout.
Les Grands Lacs ont aussi un passé de champ de bataille. Ils représentent une barrière naturelle contre l’invasion provenant des États-Unis et, durant la guerre de 1812, ils sont devenus la plus grande douve du monde. Si les Grands Lacs ne nous avaient pas aidés à gagner la guerre de 1812, l’histoire aurait donné un visage différent au pays indépendant que nous formons aujourd’hui.
Dans ces circonstances, la guerre entre voisins s’est conclue par la paix et a mené à une utilisation conjointe d’une ressource commune qui est devenue une source d’avantages économiques mutuels, une stratégie qui a atteint son point culminant avec l’ouverture de la Voie maritime du Saint-Laurent en 1959. L’objectif était de transformer les villes aux abords des Grands Lacs en ports maritimes qui auraient permis d’éviter les ports de la côte Est. Ce projet ambitieux n’a jamais été entièrement réalisé en raison de l’avènement de la conteneurisation du transport des marchandises.
Nos relations avec les Grands Lacs continuent d’évoluer et s’apparentent maintenant de très près à celles de Premières Nations, premiers intendants de cette source de vie. Plutôt que de se livrer à la simple exploitation, les gouvernements de part et d’autre des lacs améliorent leur environnement et les préservent pour nos enfants et nos petits-enfants.
En premier lieu, il y a eu l’Accord relatif à la qualité de l’eau dans les Grands Lacs qui visait à restaurer l’intégrité de l’eau. Puis, l’Ontario, le Québec et huit États américains ont signé le Great Lakes Compact afin d’empêcher l’exportation de l’eau à l’extérieur du bassin des Grands Lacs. À l’heure actuelle, la Commission mixte internationale s’emploie à la restauration des niveaux naturels d’élévation et de baisse des eaux dans les Grands Lacs, renversant une politique des années cinquante sur le contrôle des niveaux aux fins de production d’hydroélectricité et de transport maritime. Cette collaboration en matière d’environnement entre le Canada et les États-Unis a établi un précédent qui a encouragé ces deux pays voisins à nouer des relations économiques plus étroites.
Les Grands Lacs ont aussi un autre lot d’histoires à raconter. Ils ont assisté à la naissance et à la disparition de communautés. Ils témoignent d’une croissance économique spectaculaire et des dommages à l’environnement qui l’accompagnent souvent. Aujourd’hui, la région qui entoure les Grands Lacs génère près de six mille milliards de dollars en activités économiques chaque année. Trente-trois millions de Canadiens et d’Américains y participent. Les Grands Lacs sont essentiels à notre subsistance et à nos activités de détente. Ils sont devenus un pôle d’innovation, ont accueilli des universités et des collèges dans leur voisinage, et ont attiré des scientifiques et des chercheurs qui, à l’instar de nos ancêtres, se reconnaissent dans les Grands Lacs et y sont profondément attachés.
Au fil des siècles, ces remarquables Grands Lacs ont stimulé notre imagination. Que nous les percevions comme la « source de vie sur la Terre » des Anishinaabe, l’autoroute navigable en Amérique du Nord des industriels, ou le lieu de détente des plaisanciers et des pêcheurs, leur influence continue de nous façonner.
Les œuvres d’art que présente cette exposition sont aussi variées que les changements qu’ont connus les Grands Lacs. Les artistes ont accompagné leurs tableaux, photographies, sculptures et médias sociaux de réflexions personnelles qui nous dévoilent comment les Grands Lacs les ont inspirés. Ils nous révèlent la multiplicité des perceptions que nous avons des Grands Lacs, et nous communiquent expressément que la diversité est une part fondamentale de notre identité en tant qu’Ontariennes et Ontariens.