Life on Land
In 1980, two colleagues—Elliot Norse and Edward O. Wilson—and I began using the term ‘biological diversity.’ None of us thought we were doing anything new or even bothered as to who was first to say it. What we were trying to do was to talk about the wondrous variety of life on Earth and devise ways to enhance its conservation. The term basically encompasses the variety of plants, animals, and microorganisms with which we share the planet.
‘Life on Land’ is what Goal 15 is about (leaving the life in the marine two-thirds of the planet for Goal 14—‘Life in Water’). Life in freshwater is a subset of life on land, and is probably the most neglected part of biodiversity. Too many people think of freshwater as simply a physical substance, rather than as a habitat with a shimmering variety of amazing organisms.
There are lots of reasons to restrain human impact on this variety of living things and conserve them. Biodiversity provides us with all kinds of goods, like food, fibre, building materials, medicines, and more. It provides services as well, such as clean water, clean air, pollination, flood prevention, and storm surge protection.
We also tend to be oblivious to another enormous contribution of biodiversity. Essentially, it is a gigantic library for the life sciences, filled with workable solutions to an almost infinite set of biological problems—all of them pretested by evolution. Advances like vaccination and antibiotics come from serendipitous observations of interactions between species. Most of the tools of molecular biology are actually molecules from nature.
Too many people
think of freshwater
as simply a physical
substance, rather than
as a habitat with a
shimmering variety of
amazing organisms.
The challenge is that no organism can exist without affecting its environment (and, by definition, other organisms and species). So the choice is not whether we decide to affect other living things, but rather, how, in which ways, and to what extent. Virtually by definition, every environmental problem affects living systems and other species, so biodiversity integrates all environmental problems. That means conserving biodiversity must also include solving the environmental pressures that act upon it.
Consider, for example, the ‘Rio’ environmental conventions (so called because they came into existence at the 1992 Earth Summit in Brazil). They include the Convention on Biological Diversity, The Framework Convention on Climate Change (which calls for keeping rates of change to levels to which ecosystems can adapt naturally), and the Convention on Desertification. The latter deals with the vast amount of degraded lands on the planet and seeks ways to restore them to a productive state. This includes restoring the natural variety of organisms that should occur there.
It is now clear that climate change in excess of 1.5°C will be very hard to deal with because of how biodiversity is impacted, in addition to sea-level rise. The good news is that all living things are built of carbon, so restoring ecosystems will do more than just help biodiversity recover—it can also remove significant CO2 from the atmosphere. The amount of atmospheric carbon from destroyed and degraded ecosystems is roughly equal to that which remains in living ones. This means that ecosystem restoration can play a major role in reducing the amount of global warming that life on Earth will have to face.
The challenge of sustainable development is to produce an adequate quality of life for humanity while retaining the variety of lifeforms with which our existence is intertwined. It is perfectly possible to feed the coming billions of additional human beings without destroying another square metre of nature. This can be achieved by a combination of improved agricultural productivity in low production areas, drastic reduction of food waste, and altering our diets (which doctors have been advocating separately).
The overall trends of biodiversity indicate we are already in the early stages of the Sixth Great Extinction of Life on Earth. So there is no time to lose. Of course, that is also true for all the other SDGs, but with one major difference: these individual extinctions represent the ends of evolutionary lines close to four billion years long, each a wonder in itself. And all are irreversible.
The difference between this accelerating extinction event and the previous five is that its cause is a sentient creature—namely ourselves. We are capable of understanding what we are doing and correcting the course. Biodiversity is not only central to a sustainable future, it also can be a source of sheer wonder and inspiration. Our choice is between a degraded world with a marginal future for humanity or a planet like Rousseau’s ‘Peaceable Kingdom’—one filled with wonder, beauty, and infinite possibilities for us all.
Thomas Lovejoy is a conservation and tropical biologist, serving as Senior Fellow at the United Nations Foundation and as University Professor in the Environmental Science and Policy department at George Mason University. He served on science and environmental councils under Presidents Ronald Reagan, George H.W. Bush, and Bill Clinton.
Vie terrestre
C’est en 1980 que deux collègues — Elliot Norse et Edward O. Wilson — et moi-même avons utilisé l’expression « diversité biologique » pour la première fois. Aucun de nous n’avait alors l’impression que c’était quelque chose de nouveau ou ne se souciait même de savoir qui l’avait utilisée en premier. Ce que nous essayions de faire, c’était de parler de l’incroyable diversité de la vie sur Terre et de trouver des moyens plus efficaces de la sauvegarder. Le terme englobe essentiellement la diversité des plantes, des animaux et des microorganismes qui cohabitent avec nous.
L’objectif de développement durable 15 traite de la « vie terrestre » (laissant à l’objectif 14 — la « vie aquatique » qui englobe les deux tiers de la surface de la Terre). La vie en eau douce est un sous-ensemble de la vie terrestre, et c’est probablement la partie la plus négligée de la biodiversité. Trop de gens pensent que l’eau douce n’est qu’une substance physique. Ils ne la voient pas comme un habitat recelant une diversité inouïe d’organismes tous aussi étonnants les uns que les autres.
Nombre de raisons expliquent pourquoi nous devons limiter l’impact des activités humaines sur cette diversité d’organismes vivants et la protéger. La biodiversité nous procure des biens de toutes sortes — des aliments, des fibres, des matériaux de construction, des médicaments, et j’en passe. Elle nous fournit aussi des services : eau propre, air pur, pollinisation, prévention des inondations et protection contre les ondes de tempête.
Nous avons aussi tendance à oublier cette autre contribution importante de la biodiversité. À la base, la biodiversité est une gigantesque bibliothèque pour les sciences de la vie; on y puise une multitude de solutions possibles à un ensemble presque infini de problèmes biologiques — toutes validées préalablement par l’évolution. Des découvertes comme la vaccination et les antibiotiques sont le produit d’observations fortuites d’interactions entre des espèces. La majorité des outils de biologie moléculaire sont en fait des molécules issues de la nature.
Le défi réside dans le fait qu’aucun organisme ne peut exister sans avoir d’impact sur son environnement (et, par définition, sur d’autres organismes et espèces). La question n’est donc pas de savoir si nous décidons d’avoir un impact sur d’autres organismes vivants, mais de savoir comment et dans quelle mesure. Presque par définition, comme tous les problèmes environnementaux ont des répercussions sur les organismes vivants et autres espèces, la biodiversité englobe donc tous les problèmes environnementaux. Autrement dit, la sauvegarde de la biodiversité entraîne nécessairement l’élimination des pressions environnementales qu’elle subit.
Pensons, par exemple, aux conventions de Rio sur l’environnement (nom qui leur est donné depuis le Sommet de la Terre tenu au Brésil en 1992), c’est-à-dire la Convention sur la diversité biologique, la Convention-cadre sur les changements climatiques (qui propose de réduire les émissions de gaz à effet de serre de sorte que les écosystèmes puissent s’adapter naturellement aux changements climatiques) et la Convention sur la lutte contre la désertification. Cette dernière traite de la dégradation des terres dans les régions arides et propose des moyens de rétablir la fertilité des sols. Cela comprend le rétablissement de la diversité naturelle des organismes qui devraient y vivre.
Il apparaît désormais évident qu’un réchauffement dépassant le seuil de 1,5 °C sera très difficile à gérer en raison de l’ampleur de ses répercussions sur la biodiversité, outre l’élévation du niveau de la mer. La bonne nouvelle, c’est qu’étant donné que tous les organismes vivants sont constitués de carbone, la restauration des écosystèmes ne fera pas que contribuer au rétablissement de la biodiversité, elle pourra aussi éliminer une grande quantité de CO2 atmosphérique. La quantité de carbone atmosphérique produite par la destruction et la dégradation des écosystèmes est à peu près égale à celle qui reste dans les écosystèmes vivants.
Trop de gens pensent que l’eau douce
n’est qu’une substance physique.
Ils ne la voient pas comme un
habitat recelant une diversité inouïe
d’organismes tous aussi étonnants
les uns que les autres.
La restauration des écosystèmes peut donc contribuer de manière importante à réduire le réchauffement planétaire auquel toute vie sur Terre sera confrontée.
Le défi du développement durable consiste à nous permettre de mener une vie convenable tout en préservant la diversité des formes de vie sur Terre. Il est tout à fait possible de nourrir les milliards de vies humaines qui s’ajouteront dans les années à venir sans détruire d’autres parcelles d’habitat naturel. C’est en améliorant la productivité agricole dans les régions à faible capacité de production, en réduisant considérablement nos déchets alimentaires et en modifiant notre alimentation (ce que les médecins préconisent séparément) que nous pourrons y parvenir.
Les tendances générales de la biodiversité indiquent que nous nous apprêtons à entrer dans la sixième grande extinction de la vie sur Terre. Il n’y a donc plus de temps à perdre. Bien entendu, c’est aussi vrai pour tous les autres ODD, mais il y a une différence importante : chacune des extinctions représente la fin d’une lignée s’étendant sur près de quatre milliards d’années — une merveille en soi. Et toutes sont irréversibles.
Contrairement aux cinq extinctions précédentes, cette sixième extinction qui approche à un rythme accéléré est causée par des êtres doués de sensibilité, c’est-à-dire nous. Nous avons la capacité de comprendre ce que nous faisons et de corriger la situation. Non seulement la biodiversité est-elle essentielle à un avenir durable, mais elle peut aussi être une véritable source d’émerveillement et d’inspiration. Deux choix s’offrent à nous : un monde détérioré laissant présager un avenir marginal pour l’humanité ou une planète semblable au « Royaume pacifique » d’Henri Rousseau — pleine de merveilles, de beautés et d’infinies possibilités pour nous tous.