Epilogue | Épilogue

Bruce Mau

 

For most of us, when we hear the word ‘sustainable,’ we think ‘sacrifice.’ Utilitarian, not beautiful. Basic, not advanced. Scarce, not abundant.

My vision of sustainable is beautiful, advanced, abundant. That is the only way we can hope to reach all of the Sustainable Development Goals, and the only way we can achieve that is by design.

Human development over the last few decades can be traced to design solutions in sanitation, agriculture, health care, distribution systems and technologies, and products and services of all kinds. Design solutions in communication and access have inspired global movements to change the world and solve problems that, in some cases, have vexed us since the beginning of time. We succeed by design—a leadership method of systematic problem definition and iterative, creative solution development, and constant improvement.

Now, again, the common denominator to reaching all seventeen SDGs is design. This demands a new wave of design solutions across the spectrum. We need advanced design that leverages both market mechanisms and social institutions. We need to design not only new technologies and products, but also new social organizations and collective systems for engagement, distribution, and access.

So let’s end this inspirational book with a design exercise—a thought experiment. How might Canada lead the world to a new way of life? What could we design that would fundamentally change our way of thinking about our negotiation with the natural world and the social, economic, and natural ecologies that sustain us?

When pondering this vexing question, I realized that Canada has a unique opportunity. Over 89 per cent of all the land in Canada—the second-largest country in the world—is Crown land, owned by the federal and provincial governments. Only 11 per cent is privately owned.

As a young man, I worked as a canoeing instructor in Algonquin Park. What inspired me then was that when we entered the park, we behaved like intelligent, thoughtful citizens. We left our campsite as we had found it. We packed light and took out everything we packed in. We were mindful of the living beauty that surrounds us. We did no harm.

What seemed strange to me was that the moment we left the park, we were free to behave like idiots. All bets were off. I realized even then, still in my teens, that the park was an island of intelligence in a sea of stupidity. It was a license of good that allowed for a world of bad. That we had ‘saved’ this beautiful, special place was our ticket to trash everything else.

If you look at a map of the national and provincial parks of Canada, you will see a pattern of tiny islands of green against a vast expanse of grey. If we are to get to a sustainable way of life, we need to invert the diagram. If we are going to have any sustainable future on this planet, we will need to get to a sea of intelligence—with islands of stupidity. We need to create a general condition of thoughtful, intelligent citizenship, punctuated by parks of bad behaviour—places where we have yet to design solutions to the most challenging problems we are grappling with.

Canada and the provinces could declare this new way of living and extend the park-like, sustainable way of life to all Crown land. Imagine declaring a set of development conditions that would insist on only sustainable life in all 89 per cent of Canada not privately owned. Imagine the second-largest country in the world declaring that 89 per cent of its geography is a national or provincial park. Imagine the Park of the Great Lakes Watershed, a park that sustains 20 per cent of the world’s freshwater and supports a sustainable way of life for the millions of people who depend on it. Imagine Canada leading the way to our sustainable future. To do that we would need to solve all kinds of problems—and every problem we solved would advance our global progress to reaching the SDGs.

I have heard it said that we treat our natural world—our lands and our rivers, lakes, and oceans—as both a pantry and a toilet. We rely on them for our sustenance, and we use them as our garbage dump. That way of living, that stupidity, has to become a relic of the age of ignorance.

Bruce Mau is the Chief Design Officer of Freeman and Co-Founder and Chief Executive Officer of Massive Change Network, a global design consultancy based in the Chicago area. The work of the Canadian-born designer, innovator, visionary and author has been dedicated to applying the power of design to transforming the world. He has written and/or designed more than 200 books.

Bruce Mau

 

Lorsque nous entendons le mot « durable », la plupart d’entre nous pensent « sacrifice ». Utilitaire, et non beau. Primaire, et non évolué. Rareté, plutôt qu’abondance. Ma propre vision de la durabilité englobe la beauté, l’évolution et l’abondance.

Ce n’est qu’en conservant à l’esprit cette vision, et en planifiant, que nous pourrons espérer réaliser tous les objectifs de développement durable (ODD).

Le développement humain au cours des dernières décennies est attribuable à des solutions de conception en matière d’assainissement, d’agriculture, de soins de santé, de systèmes de distribution et de technologies, ainsi qu’à la création de produits et services de toutes sortes. De telles solutions en matière de communication et d’accès ont inspiré un mouvement planétaire visant à changer le monde et à résoudre des problèmes qui, dans certains cas, nous contrarient depuis l’origine des temps. Notre réussite repose sur une conception d’ensemble, une méthode de leadership conjuguant la définition systématique des problèmes, l’élaboration créative et itérative de solutions, et l’amélioration constante.

Donc, encore une fois, le dénominateur commun pour réaliser l’ensemble des 17 ODD est la planification. Cela exige un apport de solutions de conception novatrices dans tous les secteurs. Nous avons besoin de plans avancés qui s’appuient à la fois sur les mécanismes des marchés et les institutions sociales. Il nous faut concevoir non seulement des technologies et des produits nouveaux, mais aussi des organisations sociales renouvelées et des réseaux collectifs avant-gardistes de mobilisation, de distribution et d’accès.

Alors, en guise de fin à cette publication inspirante, livrons-nous à un exercice de conception — une expérience de réflexion. Comment le Canada pourrait-il diriger le monde vers un nouveau mode de vie? Qu’est-ce que nous pourrions créer qui modifierait profondément notre façon de penser le monde naturel ainsi que les écologies sociales, économiques et naturelles qui représentent le fondement de nos vies?

En réfléchissant à cette question sensible, je me suis rendu compte qu’une occasion unique s’offre au Canada. Plus de 89 % des terres du Canada — le deuxième plus grand pays au monde — sont des terres de la Couronne, qui appartiennent aux gouvernements fédéral et provinciaux. Seulement 11 % du territoire est propriété privée.

Quand j’étais jeune, j’ai travaillé à titre de moniteur de canoë au parc Algonquin. Ce qui m’a inspiré à l’époque était le fait que, dès notre arrivée au parc, nous nous comportions comme des citoyens intelligents et respectueux. Nous laissions notre campement dans l’état où nous l’avions trouvé. Nous ne transportions que le nécessaire et rapportions tout ce que nous avions apporté. Nous étions soucieux de la beauté pleine de vie qui nous entourait. Nous ne causions aucun dommage.

Ce qui me semblait étrange, c’est qu’au moment où nous quittions le parc, nous étions libres de nous comporter comme des idiots. Rien n’aurait pu nous arrêter. Je m’étais déjà rendu compte, encore adolescent, que le parc était une île d’intelligence dans une mer de stupidité. Il représentait un permis pour le bien qui autorisait l’existence d’un monde de mal. Pour avoir « sauvegardé » ce magnifique endroit particulier, nous avions le droit de saccager tout le reste.

Lorsqu’on regarde une carte des parcs nationaux et provinciaux du Canada, on aperçoit des petites zones vertes dans une immense étendue grise. Si nous voulons que notre mode de vie soit durable, nous devons inverser ce schéma. Pour que notre avenir sur cette planète se caractérise par la durabilité, il nous faut parvenir à une mer d’intelligence, avec quelques ilots de stupidité. Nous devons établir un état général de citoyenneté attentive et intelligente, ponctuée de parcs de mauvais comportements, des endroits où il nous reste encore à concevoir des solutions aux problèmes les plus épineux qui subsistent.

Le Canada et les provinces pourraient prescrire ce nouveau mode de vie et étendre à toutes les terres de la Couronne cette manière de vivre durable qui s’apparente à un séjour dans un parc. Imaginez la proclamation d’un ensemble de conditions liées au développement qui insisterait uniquement sur la vie durable dans la part de 89 % du Canada qui n’appartient pas à des intérêts privés. Imaginez le deuxième plus grand pays au monde annonçant que 89 % de sa géographie est un parc national ou provincial. Imaginez le parc du bassin des Grands Lacs, une réserve qui contient 20 % de l’eau douce de la planète et soutient un mode de vie durable pour les millions de personnes qui en dépendent. Imaginez le Canada ouvrant la voie vers notre avenir durable. Pour que cela soit possible, nous devons résoudre des problèmes de toutes sortes — et chaque problème résolu assurerait la progression du monde entier vers l’atteinte des ODD.

J’ai entendu dire que nous traitons notre monde naturel — nos terres et nos rivières, lacs et océans — à la fois comme un garde-manger et des toilettes. Nous comptons sur ces ressources pour notre subsistance, et nous nous en servons comme dépotoirs. Cette façon de vivre, cette stupidité, doit être reléguée à l’ère de l’ignorance.

Bruce Mau est concepteur en chef chez Freeman, de même que cofondateur et président-directeur général de Massive Change Network, une entreprise internationale de consultation en design située dans la région de Chicago. Innovateur, visionnaire et auteur d’origine canadienne, Bruce Mau mise sur le pouvoir du design pour transformer le monde. Il est également l’auteur et le concepteur de plus de 200 livres.